by: Peter Sloterdijk
[...]à son image, la vie en tant que telle a assumé la forme d'une écume dans la mesure où elle a perdu cette illusion qui consistait à vouloir englober la totalité de l'être dans une seule grande bulle de savon comme le faisaient les penseurs métaphysiques que j'appelle mono-sphériques. La mono-sphère, c'était la sphère divine ou la sphère cosmologique qui servait d'enveloppe commune à toutes les autres sphères.
Mais on a aucours du XXe siècle découvert par la nouvelle biologie, par la nouvelle physique, par la logique systémique, par la sociologie de l'inviduallisme et par maintes autres disciplines que "la vie" est une chose qui construit son propre monde partout où elle se manifeste. "La vie" c'est une fois de plus un " de ces singuliers maudits" que l'on a pratiquement abolis en France parce qu,ici, mieux que partout ailleurs, on a compris que " la vie " cela n'existe qu,au pluriel. Le biologiste Jakob von Uexkull( 1864- 1944), fondateur de la biologie théorique moderne, insistait sur le fait que c'était une grande erreur que de vouloir englober la totalité de l'être dans une seule " bulle de savon " qu'on appelait " le monde " : " En vérité chaque organisme ne peut exister que dans son propre monde ", ce que l'on appelle un " environnement ".
Si chaque vie construit son propre monde, "vivre" consiste alors à plonger dans l'artificiel. Pour nous, vivre est synonyme d' entrer dans une installation ". C'est pour cette même raison qu l'art de l'installation a une aussi grande teneur anthropologique et philosophique. "L'aventure de la banalité" dont parle Ilya Kabakov est précisément l'aventure de cette artificialité généralisée, une artificialité secondaire que l'artiste crée pour nous envelopper et nous immerger dans un monde alternatif. Marshall McLuhan a en ce sens défini l'homme moderne comme un "homme-grenouille cosmique".
Plonger est donc aussi synonyme d'exister. On ne peut pas existe sans plonger, et l'art de l'installation est l'expression la plus adéquate de cet état des choses. On s'adresse toujours à des plongeurs pour leur proposer de nouvelles piscines, des piscines anthropologiques bien stimulantes.
Tout le charme du concept de l'écume réside dans ce constat tout à fait sobre qui est que tout le monde vie déjà "dans sa propre bulle". se loger, construire son habitat et créer son propre endroit où l'on peut séjourner, c'est donc à peu près tout le savoir-vivre dont nous disposons. L'écume est la forme sociale de tous ces micro-idiotismes voisins. L'ironie de cette analyse, c'est que son concept de base m'est plus le concept de communication, mais celui d'inter-ignorance, cette sorte d'agnosticisme mutuel et spontané qui garantit la stabilité de l'écume. La grande vertu des bulles dans l'écume c'est en effet de ne pas "communiquer" les unes avec les autres sans s'arrêter pour autant de se copier de de s'adapter à la co-présence des autres. dans une certaine mesure, la coexistence et la ommuniation ne sont pas ompatibles. Et ceci dit, on est en droit de refuser le romantisme terroriste de la communication dans lequel nous vivons et dont l'impérialisme est le dernier régime totalitaire en date. Moi je prétends qu'il faut défendre la non-communication et la cloture relative des constructions de mondes dans lesquels les êtres vivants s'installent. Mais est-ce que les bulles de savon à l'intérieur d'une grande écume sont pour autant des entités autistes? La réponse est évidemment non. Les bulles habitées sont très riches car en tant que mondes à part ells participent à la richesse du monde. Animées et climatisées par des échanges internes et locaux, elles sont en même temps détotalisées par rapport à ce que font les autres.[...]
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Les artistes sont importants parce qu'ils sont les porteurs de l'ambition pragmatique de leur époque. L'artiste est un individu qui conserve toujour la prétention de faire coincider son individualité et l'univers et qui prétend toujours à son unicers. Il veut donc que sa biographie soit la véritable histoire de son époque, c'est" l'homme monde", l'homme microcosme.
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